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N1 Fédérale

Annecy ne jouera pas la Proligue : le modèle fédéral en question ?

, par Zorman

Gaël Mermillod, Annecy CSAV (crédits - Sébastien TORCHIO Annecy CSAV Handball)

Alors qu'Annecy figure à une solide seconde place à 4 journées de la fin, le club de Haute-Savoie sait pourtant déjà qu'il ne jouera pas la Proligue la saison prochaine. Face à un contexte économique incertain et d'importantes exigeances de la fédération, le président Gaël Mermillod fait le choix de mettre le projet Proligue en stand-by afin consolider le club et garantir sa pérennité. Entretien avec lui sur la saison, le devenir du club et de la poule "Fédérale".

Après avoir terminé premier de sa poule géographique en 2021, l'Annecy CSAV handball s'est depuis construit une solide réputation parmi les meilleurs du niveau en poule "élite", puis "fédérale". Terminant quatrième en 2022, second en 2023 et étant toujours à cette même place à 4 journées de la fin de l'actuelle saison, l'effectif affiche sportivement un visage de sérieux prétendant à la montée en Proligue. Malheureusement, les réalités sportives ne traduisent pas toujours les accessions et descentes, surtout dans cette Nationale 1 si particulière, qui fait une jonction fragile entre les mondes amateur, semi-professionnel et professionnel.

G. Mermillod : "On reporte l'objectif, mais on n'abandonne pas"

La saison 2023-2024 avait démarré avec une ambition Proligue affichée : 14 arrivées entre l'équipe première et la réserve, avec des postes doublés voire triplés en Nationale 1 et une réserve portée par de de beaux objectifs en Nationale 3. Pourtant, c'est moins de 3 mois après le début de la saison que les dirigeants se rendent à l'évidence et informent leur entraîneur et leurs joueurs que le projet Proligue doit être mis en pause pour assurer la pérennité du club.

Guillaume Dupin, Annecy CSAV (crédits : Sébastien TORCHIO Annecy CSAV Handball)

Un changement de projet à court terme qui aura bien sûr quelques conséquences comme le départ de l'entraîneur Guillaume Dupin, fin décembre, parti en bons termes et célébré pour sa dernière avec une large victoire face au leader. "Il faut savoir que Guillaume Dupin vient pour ce projet Proligue, explique le président Gaël Mermillod. On a également libéré l'arrière Thomas Fautrero fin décembre, qui a aussi pu rebondir dans un autre club. On a souhaité libérer automatiquement toutes les personnes qui ne trouvaient plus dans le projet du club l'épanouissement qu'ils étaient venus y chercher."

Malgré la situation, avec des efforts financiers à consentir et la projection d'un niveau de jeu moindre la saison prochaine, près de 80 % de l'effectif a souhaité prolonger au sein du club, et tous ont continué de donner le meilleur d'eux-mêmes sur le terrain.

"On leur annonce que leur rêve est annulé et malgré ça ils enchaînent ensuite 11 victoires consécutives toutes compétitions confondues. Je vois vraiment l'état d'esprit qu'ils ont mis, ils n'ont rien lâché."

- Gaël Mermillod, président du Annecy CSAV Handball

Et si les Franciliens de l'Élite Val d'Oise ont mis un terme à cette série dorée il y a deux semaines, l'Annecy CSAV Handball reste en lice pour le titre avec 4 points de retard sur le leader et 4 d'avance sur ses poursuivants à 4 journées du terme. En parallèle du championnat, les Haut-Savoyards s'offrent également un beau parcours en Coupe de France : "On a un super enjeu avec des quarts et demies à jouer à Martigues ce dimanche, et on va tout faire pour s'offrir une belle finale, annonce Mermillod. Maintenant c'est vraiment notre objectif, et je pense que les joueurs ont les moyens de signer une nouvelle année exceptionnelle."

Martin Gaillard, Annecy CSAV (crédits - Vanessa Broussier)

Un contexte économique difficile malgré l'engouement

Car hors des terrains, tout n'est pas au beau fixe. Malgré un important travail effectué sur le partenariat privé ces 5 dernières années, franchissant récemment la barre des 80 partenaires, le club d'Annecy-le-Vieux doit faire face à une diminution de leurs contributions du fait de la conjoncture économique. Du côté municipal, le club déplore les reports successifs du projet d'aménagement de leur complexe sportif des Glaisins, malgré un engouement populaire important. "On a une petite salle de 500 places, dans laquelle on peut faire entrer jusqu'à 650 personnes avec des places debout. Mais face à la réserve du Paris Saint-Germain, on a eu plus de 1 200 demandes, explique le président. La rénovation de nos tribunes est malheureusement repoussée depuis 3 ans, ce qui perturbe chaque saison nos recettes de billetterie et notre trésorerie." Autant de contraintes extérieures qui amènent le club à choisir de mettre en stand-by le projet Proligue et d'alléger sa masse financière.

"On sera toujours un club sportif bien vivant, on ne connaîtra pas de relégation administrative et je pense qu'on a pris la bonne décision. Mais on ne pourra plus se permettre pour l'instant de jouer avec nos amis de la poule fédérale."

- Gaël Mermillod, président du Annecy CSAV Handball

Il serait toutefois réducteur de s'arrêter à cette situation conjoncturelle : si le club connaît comme beaucoup des difficultés financières dans cette période post-crise sanitaire, ce sont également les exigences de la Fédération française de handball et l'accompagnement des clubs qui sont ici interrogés.

G. Mermillod : "On s'identifie à un monde de footballeurs qui n'est pas le nôtre"

Dans la volonté d'accompagner la professionnalisation du sport, la Nationale 1 connaît ces dernières années d'importantes évolutions afin de guider progressivement ses clubs à sortir du modèle amateur. Une volonté d'aller pas à pas qui veut préserver de croissances trop brusques et dangereuses, mais qui ne correspond pas toujours aux modèles associatifs de certains clubs. "On est récemment venus en soutien des poules géographiques de Nationale 1 qui risquaient de se voir imposer l'obligation d'avoir deux salariés en équivalent temps plein, rappelle Gaël Mermillod. Deux ETP en poule géographique, ça ne répond à aucune logique. On assiste à une augmentation de la masse financière des clubs qui les met en difficultés, sans pour autant garantir leur pérennité." Aussi, après la création du statut "VAP" (Voie d'Accession au Professionnalisme) et la création d'une poule "élite", la poule "fédérale" a remplacé le VAP pour imposer un cahier des charges rigoureux pour les 12 à 14 meilleurs clubs du niveau. "Cette poule fédérale a un coût important, et je pense qu'y rester 4-5 ans sans monter en Proligue n'est pas forcément opportun, estime le président. On a fait le calcul, on estime l'écart de 150 000 € à 200 000 € par an par rapport aux poules géographiques. Avant, le statut VAP s'adressaient aux clubs qui avaient un vrai projet de Proligue mais aujourd'hui la poule fédérale fait peser les mêmes exigences sur les 12 clubs."

Bastien Guicciardi, Annecy CSAV (crédits : Sébastien TORCHIO Annecy CSAV)

Si cette orientation vers l'accompagnement à la professionnalisation souffre de critiques multiples de présidents de clubs, c'est aussi car la structuration des clubs ne les a pas protégé de plusieurs importantes difficultés voire faillites ces dernières saisons, en Nationale 1 comme en Proligue. Grenoble et Vernon en 2020, Bordeaux, Strasbourg et Vénissieux en 2023, ou encore Villeurbanne cette saison, alors que Valence et Frontignan ont également annoncé récemment rencontrer des difficultés financières.

"Je suis un petit peu déçu de nos gouvernances... même en Proligue on voit que les clubs ont du mal à tenir : on n'a même plus de relégations sportives, tout se passe sur le terrain administratif et financier, et l'éthique sportive n'y est plus. On nous annonce cette saison que deux clubs de Proligue tomberaient. Demain, combien d'autres tomberont ? On s'identifie à un monde de footballeurs qui n'est pas le nôtre, restons à notre place."

- Gaël Mermillod, président de l'Annecy CSAV Handball

La poule fédérale en quête de participants ?

Le 15 avril prochain, tous les clubs de Nationale 1 devront avoir déposé leurs comptes auprès de la Commission Nationale de Contrôle et de Gestion (CNCG) de la fédération, qui étudiera par la même occasion les demandes d'accession en poule fédérale. Mais cette saison, Annecy n'en sera pas. "On l'a annoncé en milieu de semaine dernière, nous ne pourrons pas viser la poule fédérale la saison prochaine et nous descendrons en poules géographiques, explique Gaël Mermillod. Aujourd'hui la poule fédérale ne nous sert à rien. Qu'on soit en poule fédérale ou géographique, dans nos rapports aux partenaires ça ne change rien. Si nous passions en deuxième division nous aurions un levier pour demander des subventions supplémentaires à la mairie ou au département mais ce n'est pas le cas avec la poule fédérale." Si l'excellence sportive de la poule est reconnue de tous ses acteurs et spectateurs, cet enjeu de lisibilité est remonté par nombre de présidents et entraîneurs depuis sa création, et pourrait continuer à être un sujet de discussion ces prochaines années.

Simon Mayayo, Annecy CSAV (crédits : Sébastien TORCHIO, Annecy CSAV Handball)

Mais aujourd'hui, le format ne s'apprête pas à changer pour la saison à venir, hormis le passage programmé de 12 à 14 clubs au sein de la poule fédérale. "On a informé la CNCG qu'on ne participerait pas à la poule fédérale mis à part une évolution des exigences, mais ces dernières devraient être les mêmes que cette année, raconte le président. Nous avons environ 750 000 € de budget cette année et nous savons que nous ne sommes pas les seuls à éprouver des difficultés avec ce cahier des charges. La composition de la poule fédérale ne se fera quasiment que sur critères financiers la saison qui arrive. Et au-delà de l'éthique sportive, je me pose surtout la question de savoir quels clubs seront en mesure d'y aller !" Si des incertitudes planent sur la capacité à remplir les 14 places de la poule fédérale pour le mois de septembre prochain, ces paramètres ont d'ores et déjà un impact sur la fin de saison et les 4 matchs restants à jouer. Si Dreux-Vernouillet semble assuré de monter en Proligue, le second ticket pourrait revenir au 3ème voire 4ème du classement. À l'autre bout du tableau, la dernière place actuellement occupée par Lanester (avec 3 points de retard sur Gonfreville) pourrait ne pas reléguer les Bretons si la poule est en recherche de clubs volontaires, et si le dossier Morbihannais en remplit les critères.

En guise de consolation pour les spectateurs et spectatrices de Nationale 1 fédérale, on notera que l'ensemble de ces hypothèses n'apportent toutefois aucunes garanties pour des clubs dont les joueurs se battront jusqu'au bout pour obtenir leurs meilleurs résultats : Lanester pour son maintien sportif, Saintes et Mulhouse-Rixheim pour le ticket de rattrapage pour la Proligue, et Annecy pour accrocher la tête du classement et, pourquoi pas, un sacre en coupe de France fédérale le 18 mai prochain...

Antoine Piollat

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Sam. 4 Mai.

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parnasse
parnasse
21 jours il y a

j’ai toujours été contre cette poule unique en nationale 1 élite. je préférerais 2 poules de 14 en N1 afin de limiter les trajets. cela permettrait aussi à + de réserves pro de jouer à un meilleur niveau. ensuite la N2 à 4 poules de 14 et N3 à 8 poules de 14. car je crois que si on fait choisir aux clubs de N2 et N3 d’être 14 par poules ou bien 12 avec une coupe de france fédérale ils préféreront 14

JPFHB
JPFHB
21 jours il y a
Répondre à  parnasse

Moi j’étais pour d’un point de vue sportif, mais sans appeler ça une N1 élite ou fédérale, mais une vraie D3.
Peut être que c’est surtout au niveau administratif que ça coince et que les budgets demandés sont trop importants par rapport à la réalité économique des clubs ? quand on voit le nombre de faillites et retrogradation administratives etc ces dernières années on est en droit de se dire que le cahier des charges de la FFHB est peut être trop élevé ?
Même si je ne suis pas pour un nivellement par le bas, force est de constater que quelque chose ne va pas.

Ivanescu
Ivanescu
20 jours il y a
Répondre à  JPFHB

Une D3 « pro » gérée par la LNH avait été envisagée, mais pas économiquement viable car trop peu de clubs pourraient satisfaire le cahier des charges qui avait été proposé (budget, nombre de contrats pros, staff technique, staff médical, capacité de la salle…).

Ivanescu
Ivanescu
20 jours il y a
Répondre à  parnasse

C’est exactement la structure qui a existé entre 1995 et 2013, soit presque 20 ans. Je suis entièrement d’accord avec tes arguments.

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